La particularité de l’Evangile se résume en la volonté d’un Dieu qui pardonne tandis que rien ne justifie qu’il pardonne et que nul ne mérite d’être pardonné.
La Bonne Nouvelle est en quelque sorte “forcée”.
Même celui qui ne se sait pas coupable réalise qu’il l’est, au moment où lui est accordé le pardon. Le pardon est si fort que la faute est mise en lumière par l’amour. La bonté de Dieu le pousse à la repentance. Cela aurait pu être l’écrasant constat de sa déchéance qui le pousse à la repentance. Mais il n’en est rien. Ce qui le pousse à la repentance n’est autre que la bonté de Dieu. Cette bonté détient le pouvoir de convaincre sans condamner, de juger sans bannir.
Ainsi en fut-il de la femme prise en flagrant délit d’adultère. Il était indéniable qu’elle était coupable, coupable et accusée, accusée et passible de lapidation.
Jésus le savait. Il entendit les commentaires de ceux qui s’apprêtaient à la mettre à mort. Puis, à la surprise générale, Jésus adopta une attitude révolutionnaire devant l’évidence du péché, une attitude contraire à toute logique, et même contraire à la loi de Moïse.
Selon la loi, cette femme devait mourir. Mais Jésus se dresse devant toutes les lois pour en promulguer une nouvelle.
C’est la loi de la miséricorde en un monde honteusement cruel.
C’est la loi de la grâce en un monde sans la moindre tolérance.
C’est la loi de l’infinie tendresse devant la victime du péché.
Car Dieu ne regarde pas le pécheur comme un “acteur” uniquement responsable et coupable qui doit impérativement mourir. Il regarde également le pécheur comme la victime désemparée et piégée des forces du mal. Il veut la délivrer.
Son premier acte consiste à mettre les accusateurs en face de leur propre péché : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ».
Tous se sentent incapables de lapider celle qui s’est rendue coupable de transgression.
Il retire à l’homme le pouvoir de juger qu’il s’arroge, mais dont il ne fait pas usage.
Il utilise sa puissance au service de l’amour.
Il sait pourtant qu’elle est coupable, cette femme apeurée. Mais son amour est supérieur à la faute, supérieur à l’évidence, supérieur au consensus collectif de la haine.
Car en la mettant à mort, ces hommes satisfont leur besoin de faire leur propre justice, d’être les exécutants zélés de la violence pour ôter le mal. Ils se retirent, et Jésus pose son regard sur celle qu’il vient de sauver.
– Où sont ceux qui t’accusent ?
Voilà ce que fait Jésus. Il élimine les accusateurs, les juges et les bourreaux, les terroristes et les tortionnaires. Il brandit sa loi royale, invincible et grandiose. Il pardonne.
Ne voulez-vous pas le laisser intervenir quand vos sentiments, vos doutes, vos pensées, vos regrets, vos prochains, vos circonstances vous traînent devant la justice des morts ?
Il posera sur vous son regard attendri. Il pansera vos coeurs affectés et meurtris. Il guérira vos vies ballottées et craintives.
Et sans crainte, dans la paix, dans une immense paix, vous vous
écrierez paisiblement :
« Où sont ceux qui m’accusent ? »
Mickaël Berreby