Méditations

Le maître est là

A Béthanie, au delà du Jourdain, Jean baptisait quand il vit s’approcher de lui celui dont il ne se sentait pas digne de délier la courroie de ses souliers.

Lazarre vivait à Béthanie avec ses soeurs. Bien que Lazarre ne soit pas présenté comme un témoin puissant, il était un être que Jésus aimait, comme il aimait ses deux soeurs Marthe et Marie. 

Le témoignage “involontaire” de Lazarre fut de tomber malade jusqu’à la mort pour être ensuite arraché de la mort afin que cette maladie soit à la gloire de Dieu et que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.

Voilà un concept qu’il n’est guère aisé d’admettre. Dieu se glorifie parfois en permettant que le pire devienne l’occasion du meilleur. Le sens de l’épreuve est rarement perceptible quand on la traverse. Il se peut qu’elle n’ait jamais de sens ici-bas.

Jésus prit son temps avant de céder à la demande instante de venir en aide à Lazarre, son ami, celui qui dormait, celui que Jésus se proposa d’aller réveiller. 

Après avoir déclaré qu’il dormait, Jésus précisa qu’il était mort, et se félicita de n’avoir pas été sur place pour qu’éclatent davantage sa puissance et sa gloire.

Il attendit que la mort ait été constatée, qu’il soit trop tard, que personne ne puisse rien faire, qu’il n’y ait plus la moindre solution, pour intervenir.
C’est ainsi que Dieu agit parfois, bousculant nos sécurités et nos normes, nos doutes et même notre confiance. 

N’est-il pas maître de tout, du temps et de l’espace, des circonstances fugaces et du cours de l’histoire dont l’homme pense saisir le sens ?

Béthanie fut un lieu coutumier pour Jésus. Il y séjourna dans la maison de Simon le lépreux où fut répandu ce parfum de grand prix sur sa tête. Ce fut pour le Seigneur l’occasion de donner une magistrale leçon sur ce qui a un sens à ses yeux, et ce qui n’en n’a pas.
On parle encore et toujours de cette femme qui répandit le parfum partout où est prêchée la Bonne Nouvelle, exactement comme Jésus l’avait annoncé. 

C’est également à Béthanie que le Seigneur fut enlevé au ciel pendant qu’il priait et qu’il bénissait ceux dont il venait d’ouvrir l’esprit afin qu’ils saisissent le sens des Ecritures.

Tandis que l’on consolait ces deux soeurs, tandis que l’on avait abdiqué et que tout n’était que désespoir, le désespoir de l’évidence, Jésus s’approcha et affirma à Marthe que Lazarre ressuscitera car Jésus est la résurrection et la vie. 

Vivre et croire en lui annule le pouvoir fatal de la mort au point que jamais ne meurt celui qui croit.
Marthe en fut tellement bouleversée qu’elle confessa sa foi en Christ qui devait venir dans le monde. C’est elle, l’incrédule, qui appela sa soeur Marie en dehors du village et qui l’informa que le maître était là.

Quand le maître est là, les circonstances s’évanouissent.
Quand le maître est là les critères  incontournables s’effritent.
Quand le maître est là, rien d’autre ne compte que sa parole qui change tout. 

« Où l’avez-vous mis ? » demanda le Roi de gloire avant de pleurer lui aussi. Car le miracle ne supprime pas la douleur légitime et la manifestation de la grandeur de Dieu ne falsifie pas notre faiblesse.

Ôtez-la pierre, dit-il devant la grotte où depuis quatre jours déjà Lazarre avait été placé.
Il savait que le Père l’exauce toujours.
Il savait qu’il pouvait tout demander au Père.
Il savait que la splendeur de la vie de résurrection engloutirait la mort. 

Jésus sait tout longtemps avant que nous prenions conscience des réalités.
Lazarre, sors ! Telles furent les paroles qui firent que le mort sortit les pieds et les mains liés de bandes, le visage enveloppé d’un linge.
Depuis ce jour mémorable, Jésus ne se montra plus publiquement aux foules mais resta avec ses disciples.

La Pâque était proche et Lazarre, le mort se trouvait à table avec celui qui allait mourir, celui dont Marie oignit les pieds qu’elle essuya avec sa chevelure.
C’est de Béthanie que Jésus se rendit à Jérusalem tandis qu’une foule nombreuse vint à sa rencontre avec des branches de palmier. Assis sur un ânon, le roi fit son entrée.

Il donna la plus immense leçon d’amour qu’il soit possible de recevoir. Il mourut en offrant cette vie merveilleuse dans les larmes légitimes que cette heure tragique fit jaillir.

Il prophétisa qu’il attirerait tous les hommes à lui après avoir accompli sa mission, après avoir été élevé de la terre. Afin que nous ne marchions plus jamais dans les ténèbres, en croyant, nous échappons au drame de la perdition éternelle.
 
Invitons Christ à Béthanie, dans notre maison où tout paraît parfois “banal”.
Donnons-lui le gouvernail de notre périple ici-bas.

Et si l’inattendu devait nous surprendre, si les flots de la détresse déferlent sur nous, si la maladie, l’épreuve ou le deuil semblent avoir effacé les promesses, mettons-nous à l’écoute de la magnificence et de l’insondable, et apprenons de lui ce que ce monde ignore. 

Le maître est la.
Il nous appelle.

Mickaël Berreby

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