La relation humaine est si complexe que l’on peut offenser ou être offensé.
La plupart des maladies mentales proviennent indirectement de l’offense et des blessures psychologiques profondes qu’elles engendrent.
Certains sont plus sensibles, d’autres rancuniers et revanchards. Pourtant, quelle que soit la sensibilité d’un individu, ce qui le ronge et le détruit réside en ce qu’il intègre, prétendant ne pas avoir été concerné.
Quand la belle et pieuse profession de foi “chrétienne” est bousculée par une offense patente, le test de notre consécration est incontournable.
La difficulté à pardonner s’affirme.
Jésus nous apprend à demander au Père un pardon identique à celui que nous accordons à ceux qui nous ont offensés. Notre réaction sera l’effroi d’imaginer que nous sommes le critère de ce que nous demandons.
Dans de très respectables milieux supposés à l’abri de l’aigreur et du ressentiment, pour sauvegarder les apparences, il est commun de survoler ces passages embarrassants qui éclairent d’une aveuglante lumière notre déficience chronique en la matière.
Tant que nous nous mouvons dans la sphère de l’angélisme évangélique, il est merveilleusement facile de pardonner ceux qui ne nous offensent pas. Le pardon est alors généreusement distribué à ceux qui ne le demandent pas.
Une des stratégies les plus fréquentes de l’adversaire est d’incarcérer dans l’illusion théorique d’une consécration abstraite, pour que le jour venu, nous prenions conscience de l’effrayante distance entre ce qui est confessé, ce qui est cru et ce que est pratiqué.
Très peu de chrétiens pardonnent réellement, totalement, résolument.
En conséquence, ils ont ce qu’ils accordent.
« Comme nous pardonnons » : telle est la prière formulée dans une vibrante et émouvante piété. Mais dès que la dévote invocation est confrontée à
l’insupportable offense, de violentes vagues d’indignation et de colère font écumer l’âme outragée.
Seul le Seigneur sait, peut et veut pardonner par nous et en nous, car nous ne pouvons pas, avec nos forces et notre mental usés par le péché, pardonner, effacer, oublier, aimer, comme si rien ne s’était passé.
Nous ne le pouvons pas. Ce serait un gain de temps de l’admettre.
Nous ne le pourrons jamais sans Celui qui a certifié que nous ne pouvons rien faire sans Lui.
S’il est un domaine où nous serions recalés, c’est celui du pardon que nous transformons en silence, en distance, en indifférence, alors que le pardon est un rapprochement, un dialogue et une écoute aimante de celui qui nous offense s’il exprime le souhait de parler.
A ceux qui affirment que l’on peut pardonner sans oublier, il faut dire que si Dieu se souvenait de nos offenses, nous n’aurions de son pardon qu’une inquiétante consolation.
Ayant admis que seul l’Esprit en nous pardonne, nous Le laisserons nous faire oublier l’offense, au point que l’autre saura que là où le péché abonde, la grâce surabonde.
Mickaël Berreby