Aimer n’est pas une abstraction. S’il ne s’agissait que d’un sentiment fugace, alors tout le monde l’éprouverait de temps en temps. Quelle récompense méritons-nous si nous n’aimons que ceux qui nous aiment ?
Dieu fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons.
Aimer l’injuste et le méchant semble irréalisable. Or Jésus insiste : « aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent ».
Il l’exige en précisant que c’est ainsi que nous serons « fils de notre Père qui est dans les cieux ».
Ceci paraît rigoureusement impossible, et aucun chrétien ne peut se vanter de pratiquer à la lettre une telle injonction.
Aimer comme Jésus nous aime est le but vers lequel nous tendons. Il nous annonce que si nous nous aimons les uns les autres, « à ceci tous connaîtront que nous sommes ses disciples ».
Or voici bien ce qui manque le plus dans l’Eglise, ce qui manque le plus dans le monde, ce qui « nous » manque le plus, ce qui me manque le plus. Nous n’avons pas cet amour dont Jésus nous aime. Aussi est-il si difficile de prétendre être ses disciples. Mais si nous le lui demandons en reconnaissant que nous en sommes dépourvus, que notre amour est chétif, égoïste, mesquin, calculateur, hypocrite, et qu’en fait nous n’en avons pas, alors, peut-être voudra-t-il nous guider sur le chemin de l’amour. Mais il faut commencer par reconnaître que nous ne le possédons pas et que nous en sommes très loin.
L’aimer lui, c’est garder ses commandements.
Or l’un de ses commandements est d’aimer nos ennemis. Ne voyons-nous pas à quel point nous sommes démunis ?
Puis il précise qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
L’apôtre Pierre parle de s’aimer “ardemment”, de tout notre coeur
(1
Pierre 1:22).
S’il est une prière que nous n’hésiterons pas à faire monter vers le Père, n’est-ce pas qu’il répande dans nos coeurs cet amour ?
C’est parce qu’il nous a aimés le premier que nous sommes rendus capables de l’aimer en retour en gardant ses commandements. Mais si souvent nous trébuchons, si souvent nous le décevons. Si souvent nous nous laissons vaincre par la crainte, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour.
L’Eglise d’Ephèse est accusée d’avoir abandonné son premier amour.
Qu’en est-il de notre situation présente ? Sommes-nous principalement occupés par nous-mêmes, par les nôtres, par ce qui nous concerne ?
Avons-nous un regard, un geste, des sentiments et des actes pour l’autre, ce prochain à propos duquel il nous a été enseigné de l’aimer comme nous-mêmes ?
Mickaël Berreby