Comment peut-on trouver les mots pour dire l’essentiel de ce que l’Esprit dit en nous ?
Comment parler ce langage que l’homme naturel ne connaît guère ?
Quand on s’aventure dans la sphère de l’Esprit, on se sent démuni, incapable de trouver la juste tonalité.
Quand il est question de ce que l’Esprit dévoile à un homme insignifiant comme l’herbe qui sèche et la fleur qui tombe, il n’existe pas, dans les langues des hommes, de termes assez précis, de vocables assez fiables pour formuler ces choses que l’oeil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l’homme, ces choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment.
Dans son intense émotion, l’apôtre évoque la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu. Il avoue que les pensées divines sont insondables et que ses voies sont incompréhensibles. Il s’incline, désarmé devant l’immensité. Il abdique devant la gloire. Il se prosterne devant l’Etre suprême.
Il ne veut pas savoir, posséder et dominer, mais seulement obéir, être saisi et servir.
Pourtant, une clef permet d’entrer dans le lieu très saint, une clef que nous avons tant de mal à utiliser : celle de l’amour.
Nous ne savons malheureusement pas ce qu’est l’amour. Nous étions sûrs qu’il s’agissait de sentiments forts, éprouvés et durables. Mais il semble que nous soyons ignorants du vrai amour, celui qui croit tout, qui espère tout et qui supporte tout.
Le vrai amour bannit la peur. Il est toujours “le premier amour”, celui que nous avons reçu,qui a été répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit, celui qui oblige à garder ses commandements, celui qui ne craint rien, qui ne craint pas, car celui qui craint ne peut être accompli dans l’amour.
En demeurant dans cet amour, c’est en Dieu que nous demeurons.
L’Ecriture rappelle que notre vocation est d’atteindre le projet divin.
Quand nous sommes enracinés et fondés dans l’amour, nous comprenons avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur du dessein éternel.
Ainsi nous connaîtrons l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance. Nous serons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu.
C’est alors que, sans doute, au lieu de parler, il reste des soupirs.
Notre âme languit après Dieu, plus de Dieu, le seul vrai Dieu, un Dieu de sainteté et de gloire.
N’est-ce pas l’Esprit lui-même qui intercède par des soupirs inexprimables ?
Et comme la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement, notre intense désir de voir le royaume envahit nos coeurs. Nous avons soif et faim de Dieu.
Dans la prière, la lecture de la Parole, la communion, nous cherchons, nous sondons, nous nous laissons connaître par le Seigneur.
C’est à l’évidence le signe irréfutable que nous sommes nés de Dieu, que nous ne nous satisfaisons pas des citernes crevassées de ce monde insipide, des réponses toutes faites, des slogans, des idées reçues.
Nous entendons la voix du bon berger et nous ne suivrons pas un étranger, car nous connaissons cette voix, et nous suivons Jésus.
En le suivant, il se peut que nous éprouvions des souffrances spirituelles qui nous seraient inconnues si nous ne connaissions pas le Maître.
Quand Jésus soupira profondément en son Esprit devant l’incrédulité des pharisiens qui demandaient un signe venant du ciel, il est évident que, tel le Maître, nous aurons souvent à “soupirer” devant le constat de ce monde enténébré, incrédule et mesquin.
Et plus nous nous approcherons du Seigneur, plus nous le connaîtrons, plus nous apparaîtront discutables les écarts et les déviations que cet âge présente comme la norme.
Il restera alors, au plus profond de notre être, ce soupir inexprimable, preuve évidente que nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais que nous cherchons et ne désirons que celle qui est à venir.
Mickaël Berreby