Comment constater, souffrir, déplorer, sans pour autant juger celui qui fait le mal ?
Le rôle de juge ne nous a pas été assigné. Il nous est même ordonné de ne pas juger. Mais nous sommes tentés de le faire, et même de condamner notre prochain. Ce jugement se traduit par de la réticence à l’égard de celui que nous avons catalogué et éloigné. Nous prenons distance. Nous ignorons.
C’est un jugement sans appel.
Quand l’amour est plus fort que la mort, la miséricorde est plus forte que le jugement. Nous sommes si souvent “définitifs” dans notre regard porté sur celui qui nous contrarie.
Puisse l’Esprit nous donner des entrailles de miséricorde.
Ce triste diagnostic est on ne peut plus actuel dans le monde évangélique où l’orgueil spirituel gangrène les coeurs.
La difficulté à détecter cette terrible infection réside dans le fait que le jugement n’est pas “public”. Il est intérieur, pieusement dissimulé.
Tout en nous prétendant disciples du Sauveur, il arrive que nous portions un regard cruel, intolérant sur l’autre. Nous l’éliminons de nos relations, et continuons allègrement notre route, sans réaliser que nous faisons souffrir le Seigneur.
Mais le Sauveur sauve. Il purifie et il sauve celui qui s’égare. Ce sera la bonté de Dieu qui conduira le pécheur à la repentance. Et cette bonté ne peut que passer par ses enfants quand ils pardonnent. Le Sauveur aime. Il prie le Père de pardonner ses bourreaux, « car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Que de responsables chrétiens pratiquent le jugement sans réaliser qu’ils sont en contradiction avec ce qu’ils annoncent, et surtout en contradiction avec Celui qu’ils s’imaginent servir. Car nous ne devons pas juger. Le jugement appartient à Christ. Il est le seul qui puisse prononcer une parole de justice.
Que nous reste-t-il donc devant l’horreur de l’iniquité, la trahison, la moquerie, la fraude ? Nous devons nous éloigner de celui qui, se prétendant frère, ne vit pas comme tel. Mais s’il est encore possible de l’arracher au mal par l’amour, n’hésitons pas.
Faisons le deuxième kilomètre s’il nous demande d’en faire un seul.
Ouvrons-lui notre coeur et nos bras.
Aimons-le de toute notre force, sans hypocrisie, sans calcul.
Et le Seigneur en sera glorifié, car qui sommes-nous, nous qui jugeons ?
Mickaël Berreby