La mode de certains milieux laisse entendre à bon nombre d’entre nous que le critère du vrai se résume à l’émotion.
Ainsi, en créant une atmosphère propice à “se laisser aller”, on s’imagine consacré et livré au Seigneur.
Mais ce furtif moment où tout incite à ce que l’on appelle la louange n’est pas forcément un instant de sainteté, un rendez-vous avec Dieu. Il peut n’être qu’un sentiment de contentement trompeur.
Car la bénédiction n’est pas une émotion.
La présence du Seigneur est un acquis, que l’on en soit conscient ou non.
Ses promesses l’attestent et l’Esprit rend témoignage à notre esprit, sans les béquilles d’une émulation artificielle, que nous sommes enfants de Dieu.
Pourtant, les charlatans chrétiens avides de gains et manipulateurs distraient de l’essentiel en fondant leur pratique sur l’intervention miraculeuse instantanée, alors que ceci n’est en rien la preuve de la sanction divine.
Au contraire, Jésus met en garde ceux qui lui diront : « n’avons-nous pas accompli des miracles en ton nom ? »
Jésus leur répondra qu’il ne les connaît pas.
Les grands rassemblements survoltés, orchestrés par des ténors dont l’éloquence frise le délire, ne sont pas la démonstration de la puissance de Dieu.
La puissance divine suppose que soient conservés l’équilibre, le discernement, la sagesse et le bon sens.
De merveilleux miracles peuvent se produire et se produisent sans qu’il soit nécessaire d’en faire un spectacle “payant”.
Mais la crédulité et la curiosité malsaine attirent les naïfs mal affermis en quête de sensations, comme s’il fallait prouver la réalité de la puissance de Dieu.
En outre, un Seigneur dont il faudrait “exagérer” les interventions, n’est pas celui que l’Ecriture révèle.
Car l’essentiel de l’Evangile est la transformation profonde opérée dans le coeur des disciples par le Seigneur afin qu’ils soient sobres, enracinés et paisibles.
Les milieux qui favorisent cette démence collective au nom du Saint-Esprit sont sujets à caution.
Il importe que de vrais apôtres et de vrais docteurs alertent et mettent en garde contre la séduction à laquelle s’expose le monde évangélique. Il convient d’exhorter à la fidélité de chacun dans le cadre de son assemblée, de son église.
Chaque serviteur et chaque servante est digne de notre affection et de nos prières, de notre respect et de notre soutien, d’une persévérante intercession.
Quant aux oracles médiatiques du monde charismatique, ce qu’ils annoncent de valable n’est pas nouveau et ce qu’ils annoncent de nouveau n’est pas valable.
S’il fallait tout résumer pour définir l’Evangile, l’objectif n’est pas l’enrichissement des uns pour bâtir un empire et vivre en millionnaires de l’Evangile, mais l’humble service fidèle dans les petits détails d’un quotidien où règne le vrai amour.
A titre individuel, si nous prions que Jésus augmente notre foi comme le firent les apôtres, c’est pour mieux nous prosterner et servir en apportant à ce monde malade la consolation de la Bonne nouvelle sans faire de la foi un moyen de profiter de quiconque.
Derrière la flagrante infidélité à la Parole se dissimulent souvent des dérogations morales aux lois de Dieu.
Quand un disciple vit dans la présence du Seigneur, il reste posé, attentif, sage, circonspect, prudent dans l’administration des biens que Dieu lui confie. La seule gloire qui l’attire est celle du Seigneur. La seule grandeur qu’il convoite est celle du Seigneur. Il ne dissimule pas de motivations honteuses et malhonnêtes. Il veut que Jésus croisse et que lui diminue.
Ceci le séparera toujours davantage des loups ravisseurs (très souvent respectables en apparence), et le rapprochera de la brebis égarée, blessée et désemparée, celle que le Bon Berger cherche, quitte à délaisser toutes celles qui vont bien.
Mickaël Berreby