Méditations

L’épreuve

La raison humaine ne saurait expliquer que Dieu promette à Abraham un fils, qu’Il tienne cette promesse de façon miraculeuse, qu’Il attende que l’attachement d’un père soit total pour lui demander d’offrir ce fils, celui qu’il aime, en sacrifice.

Le vieil homme n’avait que cet enfant de la promesse auquel il vouait une tendresse infinie. Il était le fruit de l’union avec l’épouse qu’il chérissait. Mais voilà que l’Eternel demande de tout redonner.

Ce test est insupportable, incompréhensible, inaccessible à la logique humaine. Tout devient parfaitement plausible et parfaitement logique quand on sait que Dieu savait que ce qu’il demandait à Abraham, il ne le lui demandait pas vraiment. Non, Dieu éprouvait l’amour d’Abraham, sachant qu’il ne permettrait pas qu’Abraham lui offre Isaac.

Sachant donc que Dieu n’a pas désiré la mort de cet enfant et qu’il savait d’avance ce qu’il allait faire, à savoir empêcher Abraham d’aller jusqu’au bout de son obéissance, nous apprenons quelque chose sur l’importance que Dieu accorde à l’épreuve de l’amour, de l’obéissance, de la foi.

Mais pourquoi fallait-il que Dieu sache ce que Dieu sait déjà, puisque Dieu sait tout, puisque Dieu savait qu’Abraham allait obéir ?

Car Dieu savait qu’Abraham n’hésiterait pas face au sacrifice le plus intolérable.
Mais Abraham ne savait pas ce que Dieu savait. Abraham ignorait qu’il aimait Dieu au point d’obéir. Abraham a découvert qui était Abraham quand Abraham est devenu Abraham par son obéissance. En fait, nous ne devenons ce que nous sommes en Christ qu’au moment où nous réalisons qui nous sommes en Christ.

Le sens de l’épreuve aura été la découverte pour Abraham de son amour à l’égard de Dieu. Quand Dieu demande tout, il ne demande rien, car Dieu possède tout et nous ne disposons que de ce que Dieu nous prête.

Pourtant, il permet que nous prenions conscience, par l’épreuve, de la nature unique et indescriptible de la relation qu’il attend de nous.
Il fera de cette foi une occasion de rendre l’homme juste. La foi d’Abraham lui fut imputée à justice. Quand nous accédons à la demande de Dieu, nous pénétrons dans un domaine que l’homme naturel n’appréhende pas.

Pour ceux qui cultivent l’indignation que Dieu ait pu demander un tel sacrifice, rappelons que Dieu avait “prévu” qu’un animal soit offert et qu’Il n’envisageait pas la mort de cet enfant chéri.

Ainsi en est-il dans nos épreuves. Dieu fouille de son regard imprégné d’amour l’horizon éternel, les conséquences sur des générations de ce qu’il permet aujourd’hui. La douleur si pénible, le deuil si douloureux, la perte de ce que l’on aime, l’absence des êtres qui nous sont proches, le sentiment de solitude, d’incompréhension, les longs silences qui ressemblent à de l’oubli, les réactions inattendues qui poignardent nos émotions, Dieu gère chaque infime détail pour le bien de ceux qui l’aiment et qui sont appelés selon son dessein.

Il ne nous est pas expliqué ce par quoi nous passons. La seule promesse inébranlable est la venue du Consolateur envoyé par Celui qui essuiera toutes larmes, et la mort ne sera plus.

Mickaël Berreby

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