Par Jésus étant le Pain de vie, ce pain est une nourriture. Sans le Pain de vie, nous mourrons.
Le devoir du serviteur est de nourrir le peuple de Dieu avec zèle et avec amour. Il ne s’agit en aucune manière de lui communiquer un savoir, une connaissance, une science, mais exclusivement de lui transmettre la nourriture céleste, celle qui alimente son esprit et qui régénère sa vie intérieure.
Aucun ministère n’est concevable sans ce processus miraculeux qui consiste à rassasier le coeur du croyant, à le rapprocher de Dieu.
C’est la caractéristique essentielle du serviteur que de servir, d’apprêter, de dresser une table pour que l’Eglise soit nourrie.
La base de tout véritable ministère est naturellement que celui qui nourrit le peuple de Dieu soit en relation intime, directe et permanente avec le Pain de vie. Car ce qu’il donne aux disciples n’est pas “ce qu’il a” ou bien “ce qu’il est”, mais Celui qu’il sert et Celui qu’il représente pour fortifier la foi et enraciner dans les promesses divines.
Quand Jésus affirme que sa chair est vraiment une nourriture, il est facile de comprendre que la substance de Christ communiquée à notre esprit nourrit notre esprit.
Paul déplore que certains se contentent de lait. Il regrette que la nourriture solide ne soit pas celle dont sont nourris ses lecteurs. Il constate que ses lecteurs en sont encore aux premiers rudiments des oracles de Dieu. Il souffre qu’il soit rendu littéralement impossible de transmettre davantage que du lait.
Il fait mention de “l’expérience de la Parole de justice” pour illustrer ce qu’est la nourriture solide.
L’expérience est le vécu. On pourrait dire que l’expérience de la Parole de justice est le vécu de la Parole, ou encore, le fait que la Parole soit vie et vécue en celui qui la reçoit. Quand cette Parole est vie et vécue en vous, vous faites l’expérience de la Parole de justice. Vous vivez une maturation, et vous grandissez dans l’expérience de Dieu.
La plupart de ceux qui ne vivent pas la Parole la connaissent théoriquement.
Certains ont même une connaissance très réelle, très sérieuse et authentique. Les uns sont d’excellents hébraïsants. D’autres sont d’incomparables hellénistes. Mais ils n’ont pas le vécu de Dieu en eux, le fait que la vie de Dieu surpasse leur vie.
Ils ne font pas l’expérience du merveilleux bouleversement qui se produit quand Dieu annihile notre pensée et impose sa pensée, quand le fleuve de vie submerge tout ce qui est mort et mortel, quand la gloire de la révélation engloutit ce qui est éphémère.
Ils ont encore besoin de lait. Il faut leur donner du liquide pour qu’ils parviennent à assimiler ce qui est réellement divin.
Le drame est quand celui qui veut du lait oublie qu’il existe autre chose que le lait, qu’il existe l’expérience de la Parole de justice.
Or seuls les hommes faits, donc les hommes “mûrs” ou les femmes “mûres”, savent ce qu’est la nourriture solide de la Parole de justice, l’expérience du vécu de Dieu. Ceux-là n’apprécient pas le lait.
Ils ne veulent pas entendre encore et encore des évidences qui ne les alimentent pas. Ils ne veulent pas une ambiance, une atmosphère, une émulation, un encouragement. Ils veulent “gagner Christ” et se nourrir du Pain de vie pour être rendus conformes à ce Pain descendu des cieux.
La responsabilité du pasteur, de l’évêque, du berger, est engagée. Que fait-il ?
Est-il dans la répétition des mêmes vérités ?
Est-il dans l’intimité de l’écoute qui lui permet de donner une nourriture solide ?
Est-il désintéressé ou cupide ?
Quelles sont ces motivations ?
Est-il consacré réellement ?
Veut-il servir pour être connu et reconnu ?
Veut-il servir pour être dans le plan parfait de sa vocation ?
Cherche-t-il l’appréciation des hommes ?
Est-il libéré des éloges et des compliments ?
S’il a pour appel de nourrir le peuple de Dieu, il ne peut rien décider, rien choisir, rien prévoir, rien gérer, rien anticiper. Il apprend à dépendre du Seigneur. Il reçoit et transmet ce qu’il a reçu de Celui qui règne aux siècles des siècles : la nourriture solide.
Mickaël Berreby