Méditations

Là où est l’Esprit

Le disciple appartient à son maître. Il n’est en aucune manière le prisonnier d’une tradition ou encore le porte-parole robotique d’une dénomination. Il ne doit pas se sentir responsable des incohérences de l’histoire, et encore moins des erreurs accumulées par les divers mouvements théologiques qui, au travers des âges, ont falsifié la Parole de Dieu.

Il n’hérite pas des déviations du contexte dans lequel il a été éveillé à l’amour de Dieu. Sa rencontre avec Dieu n’est pas une condamnation à hiberner dans la pensée de l’homme. Il a besoin de vrais ministères pour l’affranchir, de la Parole pour l’éclairer, de la liberté, signe indubitable de la présence de l’Esprit.

Tout en étant en mesure d’embrasser, avec modestie, tout ce qui est vrai partout, tout ce qui est pur partout, tout ce qui est digne de louange partout, il ne peut cependant, en aucune manière, signer des chèques en blanc et acquiescer à l’aveuglette aux diverses décisions prises par de complets étrangers, qui n’auraient en commun avec lui qu’une vague identité culturelle, ou encore un héritage religieux.

Le disciple échappe à l’espace et au temps. Il est concitoyen des saints.
Il habite dans le camp des saints de Sion. Car au nom de la Bible, que de crimes et de forfaitures, que d’erreurs et de manipulations, que d’escroqueries et d’altérations de l’esprit qui habitait le Seigneur.
Combien de fois Jésus a dû corriger les malentendus et les interprétations qui avaient enfermé dans l’absurde des hommes zélés, mais sans intelligence.

Le disciple doit laisser grandir son Maître en lui et diminuer. Mais il ne peut pas diminuer s’il ne renonce pas à ces multiples identités provisoires et dérisoires que lui fournissent telle ou telle génération, tel ou tel cadre culturel, tel ou tel conditionnement, telle ou telle manière de voir, de penser, de prier, de réagir, de trancher sur des questions qui le dépassent la plupart du temps.

Des multitudes suivent sans réfléchir un maître à penser, un idéologue, un gourou qui dicte leurs manières d’envisager le monde.
Cela engendre des divisions, et, de divisions en divisions, le spectacle de la chrétienté, comme celui de bien des religions, est celui de la suspicion et du ressentiment.

Car l’homme est le champion de l’amour théorique. Il peut disserter pendant des siècles sur des idéaux auxquels il ne parvient pas, car l’amour, par définition, n’a rien de théorique. L’amour s’arrête sur l’individualité et ne noie jamais l’homme dans une foule.

Qu’il est donc curieux aujourd’hui d’observer que pour être fidèle au Seigneur, il conviendra de dire un non catégorique à de multiples propositions d’apparences chrétiennes, d’apparences bibliques, d’apparences irrépréhensibles. La légèreté, la superficialité, la quête incessante de stimulations artificielles appauvrissent la vie de l’Esprit, en un âge où la moindre exigence et la moindre discipline sont regardées avec inquiétude.

L’atmosphère fabriquée par une ambiance sonore et la répétition “maladive” de chants et de gestes qui seraient supposés être l’expression d’une allégresse doit être identifiée comme ce qu’elle est : un conditionnement, une mise en condition, une stimulation, et non pas la vraie présence sainte de l’Esprit. Car l’Esprit n’a nullement besoin pour se manifester de bruit, de cris, de tremblements, et d’agitation.

L’Esprit submerge dans la paix et la pureté, le calme et la transparence, le réconfort et la gloire, et plonge le disciple oint et guéri dans un silence respectueux. Ainsi se tient-on en présence du Seigneur, à son écoute pour entendre les murmures et les soupirs inexprimables de l’éternité, car là où règne l’Esprit, là règne la liberté.

Mickaël Berreby

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