Quand l’apôtre annonce qu’il a été crucifié avec Christ, de quoi
s’agit-il, puisqu’il est bien vivant ?
Est-il question de “mise à mort” du moi ?
Il est clair que nul n’est à
même d’exprimer le Seigneur avec les attributs de sa nature.
Sans la
lumière qui vient du Seigneur, nul n’est éclairé et nul n’éclaire. Si
quelqu’un n’est pas “ajouté”, reçu et exprimé en dehors de nous, ce
que nous sommes, ce que nous professons ne pourra jamais
convaincre quiconque.
Par nature, nous ne vivons pas dans le royaume et nous raisonnons de
façon banale, et stérile.
Évidemment, nous pouvons être “rentables” pour le monde. Mais
l’Ecriture s’occupe des choses éternelles et ne privilégie pas les
choses visibles et passagères.
Ici se concrétise un aspect de cette crucifixion. Ce qui se voit perd
de son importance. Ce qui primait ne revêt pas la valeur que le monde
en donne.
Pour Paul, cela voulait dire que vivre n’est pas vivre dans la chair,
mais c’est vivre dans la foi. Car la réception de l’Esprit de Dieu
résulte d’une volonté de ne plus vivre dans la chair.
Vivre dans la foi au Fils de Dieu crucifie la chair, ses passions, ses
désirs, ses revendications, ses légitimités, sa logique, ses
raisonnements, son expérience, sa moralité. Car même la chair a une
morale. Elle sait légiférer. Mais elle n’est pas à même de vivre de la
vie du Fils de Dieu en marchant selon l’Esprit. Elle ne le peut pas.
Elle ne le sait pas. Elle ne le voit pas. Elle ne le veut pas.
Ce monde crucifié pour Paul, ce monde qui hait les disciples comme il
a haï le Maître, ce monde qui n’aime que ce qui est à lui, ne peut
recevoir le Saint-Esprit.
Quand Jésus a quitté le monde visible, il est allé au Père. Mais Jésus
n’a jamais été spirituellement dans le monde, ni du monde. N’a-t-il
pas dit : « J’ai vaincu le monde » ?
Voilà pourquoi le Seigneur prédit que les siens auront des
tribulations dans ce monde, tout en les assurant qu’il leur donne sa
paix.
Il ne priait pas pour le monde, mais seulement pour ceux que le Père
lui avait donnés.
Cette distinction doit être faite encore aujourd’hui. C’est la
démarcation essentielle entre ce qui gouverne la vaine manière de
vivre, ce qui dicte aux hommes des lois, ce qui établit de nouveaux
critères, ce qui impose un mode de pensée, une façon de parler,
d’agir, de réagir, et les disciples du Seigneur.
Christ leur a donné la Parole du Père, et le monde les a haïs parce
qu’ils ne sont pas du monde. S’ils étaient du monde, le monde les
aimerait. Si le monde vous aime, vous n’êtes pas de Dieu.
Car le monde sera condamné, et les disciples ne seront pas condamnés
avec le monde. Ils brillent comme des flambeaux portant la Parole de
vie.
Mickaël Berreby