Rien n’est plus concret qu’un chemin étroit tel que le Seigneur en parle pour évoquer ceux qui l’empruntent vers la vie éternelle.
Il s’agira de renoncement de choses qui sont parfaitement anodines aux yeux du monde, et qui, pour l’incroyant, ne justifient pas que l’on se prive. Pourtant, le disciple considérera comme « pure vanité » ce que le monde qualifie de légitime.
L’échelle des valeurs est diamétralement différente entre les disciples de Christ et les enfants de ce monde.
Ces loisirs d’apparence banale, ces passe-temps supposés neutres, ces dépenses apparentées à ce que l’on estime être le bonheur, tout cela perd de sa saveur et de son intérêt quand l’homme nouveau s’est enraciné dans la révélation.
Si cet âge est devenu expert pour faire “mousser” tel ou tel objectif, pour stimuler la soif d’atteindre tel ou tel but, le disciple n’en a que faire.
Il va donc sélectionner ses choix dans les moindres détails à partir de notions spirituelles et morales totalement étrangères à cet âge.
Ses valeurs sont si différentes qu’il choque ses anciens amis surpris de constater à quel point celui qu’ils pensaient connaître n’est pas le même.
L’une des techniques de la séduction consiste à exagérer l’urgence et l’importance d’un projet ou d’un objet.
Ainsi en est-il également de traditions, de coutumes, de façons de s’exprimer, de se vêtir, et d’occuper son temps.
Le rapport à l’argent est également radicalement différent quand le royaume et sa justice occupent la première place.
L’argent appartient au Seigneur et sert à le servir.
Quand Jésus souligne que les siens ne sont pas « de ce monde », il faut s’attendre à ce que progressivement tous les anciens critères soient remplacés par une vision détachée de ce qui autrefois avait tant de prix à nos yeux.
C’est en quelque sorte la signature de la sanctification quand « ces choses qui étaient pour nous des gains » sont désormais regardées joyeusement comme inutiles, futiles, et même « comme de la boue ».
Le seul désir du disciple sera alors d’être trouvé en Christ, de gagner Christ, de le laisser croître.
Mais comment imaginer une seule seconde que le monde puisse comprendre cette distance prise entre l’essentiel d’autrefois et le primordial d’aujourd’hui ?
Il ne le peut pas, même s’il faisait en sorte de comprendre.
Ainsi, c’est l’Eglise qui, par son témoignage, attire l’enfant de ce siècle vers le Seigneur et donne le goût de sa présence à ceux qui sont encore assis dans les ténèbres.
L’ennemi déteste au plus haut point la vraie consécration, celle qui ancre le coeur dans une inébranlable fermeté, celle qui permet que le monde soit réellement crucifié pour l’enfant de lumière.
L’adversaire propose une voie large et promet les richesses et les gloires de ce monde. Mais le disciple ne cède pas, car sur ce chemin étroit, il fait de l’Eternel ses délices en amassant un trésor dans le ciel.
Mickaël Berreby