Lors de la multiplication des pains, Jésus posa une question embarrassante à ses disciples :
— Pourquoi raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu de foi ?
D’autres questions suivirent, plus délicates encore :
Etes-vous sans intelligence ?
Ne comprenez-vous pas ?
Avez-vous le coeur endurci ?
Ayant des yeux, vous ne voyez pas ?
Ayant des oreilles, vous n’entendez pas ?
N’avez-vous point de mémoire ?
Jésus opérait dans la sphère de l’Esprit. Il n’était pas en phase avec les considérations des évidences.
Si nos armes sont charnelles, nous ne renverserons pas les forteresses
(les raisonnements et les hauteurs qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu). Nos pensées ne seront jamais réellement captives à l’obéissance de Christ, mais captives à l’influence des hommes.
L’ennemi numéro un de la foi est le raisonnement, car il provient d’un héritage naturel de doutes, de calculs, de réserves, de dissimulation et de propre justice. Dès que l’homme raisonne en lui-même, il se rend la proie de l’adversaire et cesse d’obéir dans la simplicité d’un coeur docile.
Il garde “en réserve” des arguments, des restrictions, des incertitudes, des formes de pensée étrangères à la fluidité de l’Esprit.
Sans l’admettre, et parfois sans le savoir, il est lié par la vaine manière de vivre, car il fait référence aux seuls critères de ce monde. Il n’agit pas dans la foi, sous la conduite du Seigneur, mais en fonction de ses a priori ou encore d’influences affectives. La malédiction de nos pensées autonomes est destructrice, car en n’obéissant pas à la Parole, nous nous croyons libres, tandis que nous obéissons à l’ennemi. Car celui qui n’obéit pas à Dieu doit obéir à l’adversaire de Dieu.
La manipulation subtile de nos proches peut entraver la manifestation de l’Esprit, si nos proches ne marchent pas selon l’Esprit. Il faut payer le prix douloureux qui consiste à déplaire à ceux que nous aimons pour plaire à Celui qui nous aime.
Cette situation se retrouve à des millions d’exemplaires dans le monde chrétien où, au nom du lien conjugal, filial, parental, on abdique, alors qu’il s’agirait de redoubler de fermeté. Ce consensus de lâcheté insensibilise au Seigneur, et les lois asservissantes du monde avalent notre énergie spirituelle alors que nous nous croyons libres.
Bien des hommes n’ont pas la force de tenir ferme dans l’amour face aux pressions d’une compagne indifférente au Seigneur. Bien des épouses souffrent de la dictature d’un mari révolté contre Dieu. Bien des parents désespèrent de voir leurs enfants s’égarer et être attirés par le monde. Bien des enfants ressentent les réserves de parents opposés à la foi.
Jésus a pourtant dit :
« Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais la division. Car désormais cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ; le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère ».
Quand on veut à tout prix éviter la division qui est le signe de l’obéissance des uns et de la désobéissance des autres, on s’émancipe du Seigneur pour adopter un comportement douteux. Car cette “fausse paix” est beaucoup plus néfaste que la division honnête d’une confession honnête et d’un désaccord honnête.
Qu’il est donc fallacieux de se culpabiliser d’obéir au Seigneur en déplaisant à celui ou à celle que l’on aime.
Si la référence unique n’est pas le Seigneur, notre prétendue consécration est sujette à caution, et nous vivons un déchirement gratuit et infécond. Car l’obéissance peut engendrer un déchirement et causer la division, mais cette obéissance est toujours féconde pour le royaume.
Pour ne pas avoir à souffrir, bien des captifs des sentiments, des prisonniers de l’émotion, des esclaves de la famille, refusent la division nécessaire au profit d’une relation obscure et inutile.
Vivre selon la chair prive de la vraie vie et de la vraie paix. Le comportement de la chair est tout simplement une attitude psychique naturelle émancipée de la conduite de l’Esprit.
Il n’est certes pas trop tard pour “mourir” à nos habitudes déguisées et rompre avec les influences affectives qui éteignent l’Esprit.
Mickaël Berreby