A l’ange de l’Église de Laodicée, Jean doit écrire cette sentence qui dévoile la nature du Seigneur :
« Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »
L’essence de la foi n’est pas religieuse. Le malentendu réside dans ce que l’homme conçoit comme honorant Dieu, alors que Dieu n’accorde aucune importance à l’extérieure apparence, aux rites, aux solennités, aux rendez-vous de la piété. Cette discipline ne fait que satisfaire le propre juste. Elle n’est pas agréée par Dieu.
Que demande-t-il ?
Il n’attend de l’homme qu’une attitude humble et sincère, et non pas ce qui se voit, se compare, s’élève et s’interprète. Il ne regarde pas à ce que l’homme considère comme essentiel. Dieu regarde au coeur, à l’intention, aux motivations, à la conscience.
Tricher avec le Seigneur ne produit que la ruine. Il vomit les tièdes et préfère quelqu’un de “froid” que quelqu’un de “tiède”. Il nous veut froids ou bouillants.
Dieu a en horreur les tièdes. Malheureusement, la tiédeur est fréquente et désolante. Elle s’apparente à un regard erroné sur soi-même.
En général, le tiède est satisfait de lui-même. Il pense n’avoir besoin de rien. Il ignore à quel point il est misérable, pauvre, aveugle et nu.
Il a de lui-même une opinion clémente, alors que Dieu en a une bien
différente. Car Dieu voit les motivations.
Il s’agit donc de ce que nous avons de plus intime, de plus secret : notre conscience, et, plus profond que la conscience, notre esprit.
Car chacun sait pertinemment s’il est dans la lumière, s’il a confessé son péché, s’il s’en détourne, s’il choisit de vivre en nouveauté de vie, s’il argumente ou bien s’il abdique et cède pour ne faire qu’obéir. Chacun sait si son coeur est abandonné à la souveraineté de Dieu. Chacun sait quel est le chemin coûteux, le chemin étroit, le chemin qui mène à la vie.
Pour que le tiède devienne bouillant, il doit acheter au Seigneur « de l’or éprouvé par le feu et des vêtements blancs ».
Cela signifie qu’il doit choisir avec courage l’impensable épreuve de la foi,
l’inimaginable test de l’amour, l’inconcevable obstacle de la souffrance qui consume nos dernières résistances.
Quant aux vêtements blancs, il s’agira bien sur de vivre “dans” la repentance, dans la conscience que nous sommes désespérément faillibles.
Si nous réagissons promptement, le miracle se produira.
Nous sortirons de notre mesquinerie égoïste, de cette piété centrée sur soi-même.
Nous sortirons des prisons artificielles du dogme sectaire.
Nous sortirons des ruines et des cendres du jugement.
Nous sortirons de nous-mêmes, de nos opinions, de nos convictions, de
nos prévisions.
Nous connaîtrons enfin la vérité qui nous rendra libres.
Tout se passe d’abord au plus profond de nous-mêmes. Rares sont ceux qui entrent en eux-mêmes.
Mais quand ils y parviennent, quelle immense bénédiction pour eux-mêmes, pour l’Eglise, pour le monde, pour toute la création qui attend la révélation des filles et des fils de Dieu.
Mickaël Berreby