S’humilier devant l’Eternel est le quotidien du serviteur qui sait qu’il n’est rien, ne peut rien, ne sait rien.
La juste proportion de l’homme est si minuscule qu’il aurait tort de s’imaginer ce qu’il n’est pas.
Pour que la sagesse soit donnée à l’insensé, pour que l’amour fissure le coeur de pierre, pour que la lumière chasse la nuit, pour que triomphe la justice dans un monde inique, pour que disparaissent les larmes, que guérissent les maladies, que vienne la délivrance, que s’édifie le Corps, chacun doit savoir qu’il n’est pas digne de la grâce, mais qu’elle lui est accordée par amour.
Armé de cette certitude, se sachant aimé en dépit de ce qui pourrait susciter la colère de Dieu, le pécheur repentant s’approche du trône de la grâce pour s’ancrer dans la terre promise et sainte, le lieu d’élection, et devenir une habitation de Dieu en Esprit.
Aura-t-il la sagesse de cultiver cette douce relation privilégiée où l’onction gère sa vie ? Sera-t-il affamé de Dieu au point d’ignorer les attractions futiles, les sollicitations séduisantes, les pièges du légitime ?
Il est une nouvelle créature dont le secret réside dans la grâce imméritée d’un salut grandiose. Que fera-t-il pour garder son âme quand on lui suggère de gagner le monde ?
Aura-t-il l’attitude propice pour garder le cap et atteindre le but sans regarder ni à droite ni à gauche, les yeux fixés sur le but assigné ?
Se laissera-t-il tenter par une fausse idée de lui-même, de son importance, de ses vertus, de ses mérites, de ses prouesses ?
S’il est un sage qui bâtit sur le Roc, la tempête peut surgir et le vent peut souffler. Sa maison résistera.
S’il bâtit sur le sable des opinions fugaces, des valeurs provisoires, des relations humaines dont Christ est absent, la tempête aura raison de ses efforts et les rendra vains.
S’il invite l’Esprit, l’Esprit le guidera, l’éclairera, parfois le freinera ou l’orientera sur des chemins nouveaux, sans qu’il soit nécessaire de tout saisir et de tout expliquer.
A force d’obéir et de réagir promptement à la voix du Seigneur, il se délectera de sa présence et réalisera que sans cette présence limpide et sanctifiante, la vie n’a pas de goût.
Alors il court, oubliant le passé et délaissant l’éphémère. Il court sans s’alourdir d’encombrantes manies. Il court, le coeur purifié et l’esprit libre, pour se laisser restaurer et guérir.
Dans sa course, il entraîne ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui ont entendu l’appel du Maître qui dit :
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos… »
Mickaël Berreby