Avec cette phrase d’une autorité redoutable : « Mais moi, je vous dis… », Jésus établit son royaume dans les coeurs. Ses interlocuteurs avaient entendu qu’il avait été dit certains préceptes auxquels adhérait le peuple.
En enseignant que c’est pour accomplir et non pour abolir la loi que Jésus est venu, il s’élève au-dessus de tout ce qui a été dit auparavant.
Au commandement de ne pas tuer, il oppose la simple colère passible d’une punition par les juges. Il oppose le fait de prononcer une parole injurieuse passible d’être puni par le sanhédrin, et même d’être puni par le feu de la géhenne.
Au commandement de ne pas commettre d’adultère, il oppose le fait de regarder pour convoiter, et le rend équivalent à un adultère commis dans son coeur.
La violence de sa sainteté va jusqu’à ordonner d’ arracher ce qui est une occasion de chute.
Jurer par le ciel qui est le trône de Dieu ou jurer par la terre qui est son marchepied ou par Jérusalem, la ville du grand roi, sont des fautes à ses yeux. Jurer par sa tête est également interdit.
Les lois du royaume supposent que seuls le oui ou le non sont acceptables aux yeux du Seigneur.
Tout ce qui n’est pas oui ou non vient du malin.
En cet âge de laxisme, de tolérance, de nuances, de sophistication, d’apparence et d’hypocrisie, de cynisme et de mépris, les lois de Jésus sont une épée tranchante.
Ne pas résister au méchant ressemble à de la faiblesse.
Présenter la joue gauche à celui qui frappe la droite paraît inacceptable.
Donner un manteau à celui qui vole votre tunique est contraire à la justice.
Faire deux mille avec celui qui n’en demande qu’un seul semble un excès inutile.
Aimer nos ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous maltraitent, sont les conditions posées par Jésus pour que nous devenions « les fils et les filles de notre Père qui est dans les cieux ».
Ce faisant, nous échappons aux lois du péché et de la mort, au jugement de l’homme, aux critères changeants de ces âges insipides et fades, cruels et mensongers. Nous vivons dans ce monde sans être de ce monde.
C’est un autre monde que celui de Jésus, un monde où nous apprenons
à aimer ceux qui ne nous aiment pas,
à pratiquer notre justice dans le secret de notre coeur et non pour être vus,
à faire l’aumône sans sonner de la trompette,
à prier à l’abri de tous les regards,
à ne pas nous inquiéter du lendemain,
à chercher premièrement le royaume des cieux et sa justice,
à ne pas juger,
à ne pas voir la paille dans l’oeil de notre frère,
à demander pour recevoir,
à chercher pour trouver,
à frapper pour que l’on nous ouvre.
Peut-on parler d’une révolution plus essentielle que celle du royaume composé de beaucoup d’appelés, mais de peu d’élus ?
Le critère est Jésus. Quand il annonce : « mais moi, je vous dis… », nous sommes défiés de faire un choix pour l’éternité, délaissant les règles implicites du royaume des ténèbres où la méchanceté triomphe, où le faible est écrasé, où le pauvre est méprisé.
Devant l’apathie et la relativisation honteuse des abominations, aurons-nous l’heureuse réaction méprisée par la majorité des hommes, mais pure, sainte et merveilleuse, de dire :
« Mais Jésus nous dit » ?
Mickaël Berreby