Pour ceux qui n’ont pas vécu la nouvelle naissance, éprouver de l’amour pour Jésus semble singulier. Comment aimer quelqu’un que l’on ne voit pas, quelqu’un qui n’appartient pas au domaine matériel et palpable ?
Ils seront sans doute tentés de classer un tel sentiment dans le mysticisme, et parfois même le fanatisme.
L’idée d’adorer Dieu “en esprit et en vérité” est tellement éloignée de leur existence qu’ils réagissent exactement comme le dit l’Ecriture :
“l’homme animal ne comprend pas les choses de l’Esprit.”
Mais aimer le Seigneur est aux antipodes du fanatisme, c’est précisément le contraire du mysticisme. Aimer le Seigneur est un investissement concret, quotidien et coûteux.
L’aimer concerne non seulement l’intime relation qu’un disciple a avec son maître, mais également tout ce qui se rapporte à sa relation avec son prochain.
Ceux qui prétendent l’aimer sans tout lui consacrer et tout lui offrir ne l’aiment qu’en paroles. L’aimer, c’est aimer son oeuvre, son royaume, sa Parole, sa volonté, ses lois, ses commandements, ses interdictions, son jugement, et pas seulement sa grâce.
L’aimer, c’est aimer nos frères, soutenir financièrement son oeuvre, visiter ceux qui souffrent, consoler le faible, réconforter le blessé de la vie, cesser de vivre de façon égoïste, être prêt à se laisser dépouiller, obéir à ses injonctions, répondre à son appel, et peut-être perdre sa vie.
Tant de chrétiens sont prêts à ne jamais rien perdre tout en s’affirmant chrétiens. Leur engagement se borne à sélectionner ce qui ne les engage pas, à donner ce qui ne leur coûte pas vraiment. Ils veulent être bénis, non pas par amour pour le Seigneur, mais par boulimie spirituelle, étant essentiellement préoccupés “d’aller bien”. Devant la souffrance d’autrui, ils s’imaginent que prier suffit. Cette sorte de consécration n’est certes pas féconde.
Qu’il est facile de chanter à tue-tête de beaux cantiques dans une atmosphère protégée, stimulée par le consensus collectif. Qu’il est par contre consumant de donner de son nécessaire, de penser à l’autre avant de penser uniquement à soi-même.
Aimer le Seigneur est l’école de toute la vie. Quand Jésus posa à Pierre la question de savoir si l’apôtre l’aimait, il voulait nous aider à réaliser qu’entre ce que nous confessons et ce que nous pratiquons un long, très long chemin reste à parcourir.
Mickaël Berreby