Cela pourrait paraître utopique et naïf, mais l’apôtre Paul posait sur l’Eglise le regard de l’amour.
Sans ignorer les évidences qui attristent l’Esprit, sans nier l’offense du péché et les écarts de ceux à qui il enseignait, Paul acceptait l’objectif fixé par le Seigneur pour accomplir pleinement son apostolat.
Il voulait présenter l’Eglise sans taches ni rides, irrépréhensible.
C’est le regard aimant que pose un père sur son enfant, cette capacité miraculeuse de faire disparaître, par amour, la faute et ses conséquences, la révolte et ses inévitables effets destructeurs.
En dépit des souffrances que lui causaient les églises, en dépit des questions que soulevait le comportement de ceux à qui Paul communiquait Christ, en dépit des infidélités et des trahisons, du péché et de l’hypocrisie, des faux frères et des loups ravisseurs infiltrés au milieu des disciples, Paul conservait un merveilleux idéal.
Paul voyait l’Eglise comme Dieu la voit, en Christ, par Christ, au travers de Christ. Il ne voyait que Christ en ceux qui l’avaient reçu, ceux qui s’étaient laissés éclairer, purifier et bénir.
Car la véritable Eglise dispose d’une conscience vive de la bénédiction dont elle est l’objet. Elle n’a pas de crise cyclique d’identité et ne gaspille pas son énergie à se promouvoir.
Sa force réside dans l’intimité de la communion qu’elle cultive avec la Tête du Corps.
Quant aux diverses manifestations, aux formes extérieures, aux cultures, et même aux pratiques, une importance infime leur est accordée.
Ce qui importe demeure l’oeuvre intérieure, ce renouvellement de l’homme nouveau qui, de gloire en gloire, est transformé par la puissance mystérieuse et sainte de l’Esprit.
Quand cette oeuvre a lieu, l’homme accepte de se laisser dépouiller. Il n’étale pas pompeusement sa vaine gloire. Il ne revendique pas une quelconque supériorité sur son prochain. Il sait au plus profond de son coeur qu’il a été sauvé de la perdition éternelle par pure grâce.
Son attitude de contrition facilite l’action de l’Esprit en créant un réel détachement par rapport à ces notions futiles.
Il évite le verbiage et la phraséologie des docteurs séducteurs.
Il évite la sagesse du langage qui ne sert qu’à voler la gloire du Seigneur pour se l’attribuer à soi-même.
Il sait qu’il appartient à cette Eglise épouse qui sera présentée à l’Agneau sans taches, ni rides, ni rien de semblable.
Mickaël Berreby