Dieu est “inconditionnel” dans son amour.
Nous ne le sommes pas.
Nous sommes sélectifs, dubitatifs, et si souvent impitoyables.
Si nous avions été pardonnés comme nous ne pardonnons pas, nous serions la proie d’une incessante oppression.
Quel que soit le serviteur ou la servante de Dieu, il sera possible de trouver des failles, des manquements, du péché, des zones obscures.
Est-ce pour autant une raison d’en faire une cible ?
Qui sommes-nous pour décider du destin d’un individu dont nous ne connaissons rien, tout en prétendant souvent tout savoir ?
Tous ont péché et tous pèchent. Comment donc pourrions-nous, “entre pécheurs” que nous sommes, émettre un jugement valable ?
Le monde dispose d’un code juridique. Dans ce cadre souvent répressif, il juge et sanctionne.
L’Eglise avance sur la voie royale. Si elle n’a pas l’amour, elle n’est rien…
Il existe une attitude “royale” qui consiste à regarder “ce qui est bien” et à retenir “ce qui est bon”.
On peut s’exercer à regarder le bien pour surmonter le mal.
Ceci permet de prier pour ceux que Dieu nous confie, de vaincre l’accusateur, de détruire la condamnation, d’aimer envers et contre tout.
Il est improbable que le monde pratique cette sorte d’amour. Il qualifie de bien ce qui ne l’est pas, pour demeurer hors d’atteinte de la lumière.
L’amour inconditionnel du Père est lucide, clairvoyant, informé et précis dans sa sainteté.
« Méchants comme vous êtes… », ainsi s’exprimait le Seigneur pour nous définir.
Or “méchants comme nous sommes”, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour donner à nos enfants ce dont nous disposons. Jésus affirme que le Père comblera celui qui demande l’Esprit…
L’amour dont nous devons nous aimer est comparable à celui d’une mère ou d’un père pour son enfant. Il peut faire les pires bêtises, ses parents l’aiment inconditionnellement. Dieu est inconditionnel dans son amour. On peut l’attrister, il nous aime. On peut le réjouir, il nous aime. Si nous adoptons le même comportement à l’égard de ceux qui le servent, nous réjouirons le coeur de Celui qui est servi. Car Dieu sait infiniment mieux que nous ce qui est contraire à sa pensée. Il connaît chaque détail de tout ce que nous ignorons. Mais il aime et nous demande de ne pas juger.
Cette décision d’aimer est une exploration des profondeurs de l’Esprit qui n’est que tendresse, sollicitude et compassion.
Ainsi, l’on pourrait contester de multiples aspects de tel ou tel ministère. Mais au lieu de contester ce qui paraît contraire au Seigneur, on décide de le remercier pour ce qui le glorifie.
Pas une seconde de notre énergie limitée n’est employée à critiquer, à s’opposer, à juger.
Les uns croient que tel don est douteux. Les autres estiment qu’il est utile. Les uns suivent telle ligne. Les autres préfèrent opter pour une autre.
Peu importe. Nous devons demeurer dans l’amour, car nous ne sommes pas en guerre contre nos frères et soeurs. Nous sommes en guerre contre “le malin” qui fera tout pour dresser les disciples les uns contre les autres.
A force de voir ce qui est bon chez l’autre, le reste ne nous absorbera pas. Nous prierons “globalement” pour telle personne, tel ministère, tel mouvement, tel croyant, telle situation. Nous prierons au point de désarmer l’adversaire et de désamorcer dans nos pensées la moindre tentation d’éteindre l’Esprit. Car le Seigneur ne peut se réjouir de voir ses enfants se juger et se condamner. Mais, c’est lui plaire que de s’exercer au pardon alors que nous n’en disposons pas en nous-mêmes. Il faut faire appel à Son amour pour parvenir à pardonner. Personne ne peut pardonner comme Il pardonne.
Mais la paix avec Dieu est venue du fait qu’il nous a justifiés alors que rien ne nous prédisposait à l’être.
La paix avec Dieu vient donc du caractère inconditionnel de son amour exprimé dans l’oeuvre parfaite accomplie par Christ sur la croix pour chaque homme qui l’invoque.
Celui qui croit ne périra pas. Celui qui périra ne croit pas.
Qui voulons-nous être ?
Sommes-nous désireux de vivre et d’espérer, de croire et d’aimer, de pardonner et de combattre pour celui qui faiblit ?
Si l’Esprit de Christ daigne résider dans nos tentes terrestres en dépit de nos corps de péché, ce qui prévaut est l’inconditionnelle capacité divine de faire miséricorde, de tout croire, de tout espérer, de tout supporter.
Nous prenons position du côté de Celui qui s’est dépouillé lui-même.
Nous faisons l’expérience de l’amour absolu.
Nous le recevons et nous le pratiquons, dans notre famille, dans notre église, dans notre quotidien, dans le secret de notre intercession, dans la clarté de notre témoignage, dans les larmes de nos épreuves, dans la foi simple et tranquille qui émane d’un coeur tout entier consacré au Seigneur.
L’ancienne mentalité rigide et sévère s’estompe au profit de la grâce accordée.
On se met à “trouver des excuses” à chaque erreur comme le ferait une mère, non pas pour encourager le mal, mais pour le vaincre.
Car c’est la bonté de Dieu qui conduit à la repentance, une bonté insondable, infinie, inqualifiable, inconditionnelle…
Mickaël Berreby