Si je devais un jour me séparer de toi, ne serait-ce qu’un instant attrister ton Esprit, m’éloigner par mégarde, éteindre cette flamme qui brille quand tu es là, viens à mon aide et prends de ta main vigoureuse ma main faible, hésitante, et mes pensées fuyantes.
Si je devais laisser mon imagination vagabonder sans frein et fouler sans prudence une terre étrangère, retiens-moi pour que l’oeuvre que tu as commencée se poursuive en moi, que je sois transformé à ton image enfin.
Car personne ne remplace le seul médiateur, le Sauveur, le Seigneur, la source intarissable de lumière et d’amour, le seul vrai Dieu devenu chair, le sacrifice sanglant triomphant de la mort et monté vers le Père qui donne son Esprit avant de revenir prendre à lui les siens pour qu’ils soient pour toujours avec le Bon Berger.
Si je devais un jour cesser de t’adorer, cesser de magnifier ton nom en proclamant que toi seul es capable de nous sauver, rappelle-moi comment tu me pris par la main quand je n’étais que poussière, comment tu purifias mon âme et pardonnant mes transgressions, comment tu laissas surabonder la grâce aux pires moments du doute et de la détresse, comment tu m’indiquas le chemin du pardon.
Si je devais omettre par simple négligence que rien ne pourrait se faire sans toi, ravive en moi le zèle qui dévore, la passion de ce qui est vrai, la répulsion de la tricherie et des calculs cupides.
Enseigne-moi, Seigneur, la voie de la tendresse, celle qui sait que tu feras triompher le miracle de l’amour au moment où la mort s’imaginait régner.
Renouvelle en moi un esprit bien disposé, prêt à s’effacer, à se laisser dépouiller, à ne jamais paraître, à n’attendre aucune éloge, à ne craindre aucune opposition.
Alors je saurai sans l’ombre d’un doute que même si je chute, même si je tâtonne, même si je m’égare, et même si je me révolte, quand je ne comprends rien, toi tu sais, tu comprends, tu attends le moment propice pour faire éclater ta gloire.
Si je devais briller comme enfant de lumière en cette longue nuit pour éclairer les pas de tous mes compagnons de doute et de combat, ravive en moi ta vie, celle qui n’est jamais sujette aux caprices du temps, celle qui surabonde, n’acceptant aucun verdict, aucune conclusion, aucune condamnation.
Alors je saurai que je suis dans ta main et que je serre très fort celle du bon Berger qui donne sa vie pour ceux qu’il aime.
Mickaël Berreby